Dans un article paru dans le Monde du 12 mai 2014, Marc de Basquiat et Gaspard Koenig proposent la création d’une allocation universelle d’un montant de 450€ par mois, financée par une taxe de 23% sur les revenus. Comment cela marche-t-il ? Si par exemple vous avez gagné 1000 € (après prélèvements « sociaux »), on vous prendrait 230€ en impôts et il vous serait donné 450€ en allocation universelle. Vous avez donc en fait reçu 220€. Si en revanche vous gagnez 3000 €, vous seriez taxé à auteur de 0,23 x 3000 = 690€ et l’État vous donnerait toujours 450€. L’État vous aurait donc pris 240€.
Réfléchissons au principe de l’allocation universelle. Ce principe est que la collectivité doit assurer la survie de ses membres, car chacun a « droit à » un revenu permettant de survivre ou même d’avoir une « vie décente ». Mais ce principe est-il juste ?
La complexité de l’économie actuelle nous empêche souvent de voir les principes simples sur lesquels sont basées ces mesures. Imaginons donc une île déserte où 100 naufragés ramassent chacun des bananes pour se nourrir (exemple que j’ai utilisé dans un article précédent). Certains préfèrent construire des cabanes et échanger leurs efforts contre des bananes que les cueilleurs ont ramassées. Maintenant imaginons qu’un des naufragés, appelons-le Jean-Michel, ne ramasse aucune banane et dise « j’ai droit à la survie » et exige donc de recevoir des bananes sans rien échanger. Gérard en profite pour rajouter que se nourrir est un droit fondamental qui doit être garanti par « la société », car c’est ce qu’on lui a appris dans le pays où il vivait. Gérard explique donc que chacun devrait recevoir au moins une banane par jour. Linda dit alors « Mais tu vas donc aller chercher des bananes et en donner une à chacun ? ». Gérard lui répond « Mais bien sûr que non ! Ce sont à ceux qui ont les moyens de donner. Aussi je propose que chaque cueilleur qui cueille 10 bananes devra m’en donner 2 que je redistribuerai ensuite. »
Linda répond alors « C’est du vol déguisé ! Si certains habitants veulent donner des bananes à ceux qui ne travaillent pas, c’est leur droit, mais ne viens pas voler ce qui appartient aux autres. D’où vient cette idée que quelqu’un a le droit à la survie ? Si tu étais seul sur l’île tu pourrais bien crier dans le vent qu’on doit te fournir les moyens pour survivre, la nourriture ne tombera pas du ciel. Si tout le monde réagit comme toi, plus personne ne travaille et chacun attend de l’autre de quoi vivre. Il faut travailler pour obtenir de quoi survivre, c’est ainsi que ça fonctionne. »
Gérard : « Mais l’air est tout aussi indispensable à la survie que la nourriture, et personne ne me demande de travailler pour respirer ! »
Linda : « L’air que tu respires n’a pas demandé le travail d’un autre homme pour exister, alors que la nourriture dont tu veux t’emparer appartient à un autre. »
Revenons dans notre monde. Le droit « au travail », « au logement », « à un revenu décent », « à la santé » ne sont que des « droits de voler les autres » et ne sont donc pas des droits légitimes.
Si un tel système d’allocation universelle était mis en place, il serait très intéressant pour un individu de ne pas déclarer l’argent qu’il a gagné, ou de n’en déclarer qu’une partie. Exemple : je gagne 2000€, j’en déclare 1000€, je paye donc une taxe de 230€ mais je reçois l’allocation de 450€ donc j’ai au final reçu 220€ de l’État. Vous me direz, quelle différence avec demander le RSA en faisant croire qu’on a un revenu faible pour y avoir droit ? Déjà, d’une part, celui qui ne déclare pas ses revenus pour éviter de donner une trop grande partie de ses gains à l’État aurait peut-être l’honnêteté de ne pas demander le RSA, mais dans le cas d’une allocation universelle, il la recevra sans rien demander.
D’autre part, la création d’une telle allocation rendra encore plus tentant le travail au noir, car on évitera ainsi la nouvelle taxe, tout en gardant l’allocation, puisqu’elle est automatique.
Si l’allocation est universelle, les étrangers y auraient-ils droit ? Si vous me dites que oui alors nous serions bientôt envahis d’immigrants voulant l’allocation. Si vous me dites que non alors qu’en est-il d’un étranger travaillant en France ? Doit-il payer la taxe sans recevoir l’allocation ? Dans ce cas il a énormément à perdre avec un tel système. Mais peut-être serait-il exonéré de la taxe ? Dans ce cas je réclame ce privilège des étrangers pour moi aussi !
Et si finalement on laissait libre chacun d’adhérer à ce système d’allocation ? Celui qui désire payer la taxe et obtenir du même coup l’allocation y adhère. S’il pense que c’est une bonne chose, il acceptera même si c’est à perte. Par contre il bénéficiera de l’allocation le jour où il en a besoin. Celui qui refuse un tel système gardera son salaire mais ne pourra prétendre à l’allocation. Il suffit que l’État rende l’adhésion volontaire… Mais attendez une minute, si l’adhésion est volontaire, il n’y a pas besoin de l’État !