Une société « juste » du point de vue de la justice sociale est une société dans laquelle les inégalités sont limitées, ou alors sont « méritées » selon un standard décidé par l’Etat. Les partisans de la justice sociale considèrent alors qu’il est légitime d’utiliser l’Etat pour s’emparer de la propriété de certains individus pour la donner à d’autres afin de « redistribuer les richesses« .
La justice (tout court) à l’inverse consiste à protéger la vie, la liberté et la propriété des individus. Lorsque qu’un vol a été commis, la justice veut que l’on restitue son bien à son propriétaire. Et qui est donc est le propriétaire légitime ? C’est celui qui a soit créé le bien en question, ou celui qui l’a acheté à un propriétaire lui-même légitime.
Qu’est-ce que la redistribution des richesses du point de vue de la justice ? Ce n’est ni plus ni moins que le vol de certains individus par d’autres par l’intermédiaire de l’Etat. Que les lois soient votés par une majorité ne change rien à l’affaire, une mafia même composée d’une majorité d’habitants d’une ville n’est pas plus légitime pour voler. Comme le dit l’adage : « La démocratie, c’est deux loups et un agneau votant ce qu’il y aura au dîner. La liberté, c’est un agneau bien armé qui conteste le scrutin. »
Si certains ont envie de partager leur revenu avec les autres ils en ont bien sûr totalement le droit, mais cela est entièrement différent d’utiliser l’Etat pour s’emparer par la force des biens des autres. Cela reviendrait aussi à supposer qu’ils ont l’obligation d’aider les autres, alors que chacun a le droit de vivre pour lui-même.
Ainsi toutes les différentes opérations de redistribution des richesses organisées par l’Etat sont illégitimes : allocations familiales, obligation d’adhésion à la sécurité sociale, RMI… L’Etat ne devrait s’occuper d’aucune redistribution et laisser les individus partager leur revenu s’ils le souhaitent.
Dans la première partie, Nozick présente sa théorie des droits, basée sur la règle morale de Kant qui consiste à toujours considérer les individus comme une fin et non comme un moyen. Il y présente diverses réflexion philosophiques, comme la « machine à expérience » (une machine comme celle du film Matrix où l’individu est plongé dans un univers virtual) qu’il utilise pour réfuter l’utilitarisme.
L’auteur se place ensuite dans le cadre de l’anarchie libertarienne, avec ses associations protectrices et discute des relations et des conflits entre ces associations. Son premier argument en faveur d’un État minimal est que, de fait, une agence de protection finira par occuper une position dominante. Il explique ensuite, qu’une telle association pourra imposer son système de justice aux autres (ceux qui ne sont pas ses clients), sans pour autant violer les droits des individus. Pour justifier cela, il explique sa théorie des risques et justifie ainsi un « droit à avoir sa culpabilité évaluée par des méthodes fiables ».
Ensuite, Nozick discute des rôles supplémentaires souvent attribués à l’État, qui dépassent celui de simplement rendre la justice, et montre en quoi ces interventions de l’État sont illégitimes. En particulier, il montre que l’intervention de l’État pour la « justice sociale » est incompatible avec le respect des droits des individus.
Enfin, il présente sa vision d’une utopie dans laquelle plusieurs sociétés pourraient cohabiter. Chacun serait soumis aux règles de sa communauté mais pourrait choisir d’émigrer vers une autre communauté s’il n’est pas satisfait des règles. Ainsi, il pourrait y avoir des communauté communistes avec une distribution collective de la richesse, mais où l’adhésion à la communauté elle-même serait libre. Cette utopie propose donc une solution « libertarienne à grand échelle » pour la cohabitation de communautés rejointes librement par les individus.
Si vous êtes « débutant » et que vous souhaitez découvrir le libertarianisme, je vous conseille plutôt l’Éthique de la liberté de Murray Rothbard, plus facile à comprendre.