Les raisons de mon changement peuvent être regroupées en trois catégories : la découverte de la philosophie libérale, la découverte de la science économique et enfin mon expérience en tant que conseiller municipal dans une petite commune. Cet article raconte une réflexion qui a en réalité duré plusieurs années, que j’ai simplifiée ici pour vous donner les grandes lignes.
Quand je n’étais (pas du tout) libéral
Avant de découvrir la philosophie libérale, j’étais convaincu que le monde était partagé entre des idéalistes, les communistes, qui proposent un monde moral, mais dont on n’est pas sûr s’il peut fonctionner, et les libéraux ou capitalistes, qui proposent un monde qui marche avec des hommes égoïstes, mais dénué de toute morale. Le socialisme était alors un compromis entre immoral-qui-marche et moral-qui-marche-pas.
Bien sûr, un certain nombre de questions étaient sans réponse : Si chacun doit recevoir un salaire « juste », qui va décider combien cela représente ? Si ce sont des gens élus par une majorité, ne seront-ils pas tentés d’utiliser la démagogie en prônant des salaires injustes ? Les gens qui auront des métiers mieux payés dans une société capitaliste auraient intérêt à quitter le pays communiste pour avoir un meilleur salaire, un pays communiste ne va-t-il pas se retrouver avec uniquement des ouvriers non qualifiés et aucun ingénieur, médecin, etc. ? Si tous les salaires sont égaux, personne ne voudra faire les métiers pénibles, il faut donc des différences de salaires. Mais si un trop grand nombre de gens veulent faire un métier plutôt qu’un autre, qui va décider qui fait quoi et selon quels critères ?
Je n’avais aucune réponse à toutes ces questions, à part supposer qu’une immense machinerie administrative allait s’occuper de toute ça, et en toute honnêteté, car dirigée par des élus choisis par le peuple. Pas sûr que ça marche vraiment… mais si c’est la seule société morale possible ?
À la découverte de l’économie
Une autre révélation a été pour moi de lire Capitalisme et Liberté, de Milton Friedman. Je croyais à l’époque que la société idéale serait une économie socialiste (gérée par l’Etat) mais dans un pays garantissant la liberté individuelle (liberté d’expression, de voyager, etc.). Remarquez que cette combinaison ne s’est jamais produite. On connait bien sûr des dictatures communistes (URSS, Corée du Nord, Cuba…), des pays libres capitalistes (USA, Suisse, etc.) et des dictatures capitalistes (Arabie saoudite, Kazakhstan…) mais aucun pays libre communiste. Dès la première page du premier chapitre, Milton Friedman explique qu’un régime communiste libre est tout simplement impossible. Voir mon article « le marché libre » pour plus d’explications.
Enfin, une raison importante qui m’a amené à considérer l’économie de marché comme meilleure est qu’elle permet bien mieux l’innovation qu’une économie planifiée par l’État. Pensez à toutes les grandes innovations que nous avons aujourd’hui (l’électricité, le téléphone, l’automobile, l’avion…). Qui aurait pu prédire au début qu’elles marcheraient ? La plupart des inventions ne sont pas reconnues comme intéressantes instantanément par une majorité. Elles sont d’abord adoptées par quelques personnes intéressées, puis quelques riches peuvent se les procurer. Ensuite seulement, les investissements sont rentabilisés et l’invention peut être disponible pour tous. Mais dans le cas d’une économie planifiée, il aurait fallu convaincre des élus choisis par une majorité, autrement dit il aurait fallu convaincre beaucoup de monde dès le début. Peu d’innovations auraient pu avoir lieu avec un tel système.
La philosophie libérale
- qui donne une définition cohérente et claire de la véritable liberté, qui n’implique pas des absurdités comme « la liberté de tuer », « la liberté de voler », etc.
- qui donne une définition claire de la propriété : je suis propriétaire de ce que je créé et de ce que j’échange avec des personnes consentantes.
La philosophie libérale donne donc une définition claire des droits de l’homme qui sont la vie, la liberté et la propriété (voir les droits naturels). J’ai découvert cette philosophie énoncée clairement, comme beaucoup, dans l’Éthique de la liberté, de Murray Rothbard.
La philosophie d’Ayn Rand
On peut bien sûr défendre le libéralisme avec les arguments que j’ai expliqué plus haut, mais on vous répondra peut-être : « Certes on ne peut nier que le capitalisme libéral a été la source de grands progrès pour l’homme, et qu’aucun autre système n’a pu l’égaler. Mais dans un certain nombre de cas, le plus grand bonheur pour le plus grand nombre peut être atteint en donnant des aides sociales et en limitant la liberté. Je suis bien d’accord que des impôts trop élevés sont injustes car ils vous privent du fruit de votre travail, mais un peu de redistribution permet un plus grand bonheur pour tous. »
La réponse d’Ayn Rand est que ce n’est pas votre devoir de vous sacrifier pour le bonheur des autres. Le sens de votre vie n’est pas le sacrifice pour les autres car votre vie est sa propre justification. Sa philosophie est que vous avez le droit d’être égoïste, à condition d’être honnête et de respecter les droits des autres. Dans le cas présent, cela signifie que vous n’avez pas le devoir de donner votre argent aux autres mêmes si cela leur serait utile, même s’ils en ont besoin, et même si cela leur apporterait un plus grand bonheur que ce dont cela vous priverait.
Vous pensez qu’une telle philosophie est horrible ? Mais soyons honnêtes : Pensez au dernier gadget que vous avez acheté… Au prix qu’il a coûté, combien de personnes aurait-on pu nourrir si vous aviez donné votre argent pour lutter contre la faim ? Pensez-vous que le dernier jeu vidéo/film/etc. que vous avez acheté vous a apporté plus de bonheur que les familles qui auraient pu avoir accès à l’eau potable si vous aviez été plus généreux ? On peut bien sûr répéter ce raisonnement à l’infini, tant qu’il y aura de la misère sur Terre (et il y en a beaucoup !), à tel point que vous seriez obligé de renoncer à tout à part la nourriture et le logement de base. Bien sûr, vous ne faites pas cela, vous vous dites « j’ai acheté ça avec mon argent pour lequel j’ai travaillé dur » et c’est normal, car vous êtes un Homme. Pour en savoir plus, voir la Vertu d’égoïsme et la Grève.
La conclusion n’est pas que vous ne devriez jamais aider les autres, mais qu’on ne peut pas l’exiger de vous. Si vous êtes un Picsou qui veut garder tout son argent, c’est votre droit, mais bien sûr, si vous aidez les autres c’est tout à votre honneur. L’idée à retenir est que le gouvernement n’a pas à s’emparer de votre argent au nom d’un quelconque devoir moral.
Conclusion
Voilà pour résumer, les raisons qui m’ont convaincu de la justesse des idées libertariennes. Le capitalisme libéral conduit au plus grand bonheur pour tous, il est le seul système basé sur les droits légitimes, et, enfin, il est conforme à la nature humaine.