L’Union Européenne est-elle plus ou moins libérale que les Etats-Unis ? La France connaît un taux de chômage élevé, mais qu’en est-il des autres pays de l’UE ? Le chômage est-il plus élevé parmi les pays de l’UE les plus libéraux, ou au contraire les plus interventionnistes ?
Le libéralisme dans l’Union Européenne
Pour répondre à ces questions, nous avons utilisé les statistiques de liberté économique du « 2015 Index of Economic Freedom ». Ici, nous nous intéressons spécifiquement à l’Union Européenne, contrairement à notre article précédent où nous avions présenté le classement mondial. Il nous parait intéressant de regarder l’UE car il s’agit d’un ensemble de pays ayant des conditions comparables. En effet, ce sont toutes des économies de marché plutôt riches, avec un respect à peu près correct des droits de l’homme, une liberté de commerce avec les autres pays de l’UE et un environnement législatif proche.
Tout d’abord, regardons le score de liberté économique parmi les pays de l’UE. Ce score mesure le libéralisme économique sur une échelle allant de 0 (pas de liberté) à 100 (parfait libéralisme économique).
Les pays les plus libéraux de l’UE sont l’Estonie, l’Irlande et le Danemark avec des scores très proches, entre 76 et 77. La Grèce est le pays le moins libéral, loin derrière les autres avec un score de 54.
Faisons maintenant une moyenne des pays européens. Pour faire une telle moyenne, nous avons tenu compte de la population de chacun des pays (ie. un pays avec une population deux fois plus grande compte deux fois plus dans la moyenne) de façon à calculer un score moyen de liberté pour les citoyens européens. Voici donc les résultats permettant de faire des comparaisons (classés du moins au plus libre) :
- Moyenne monde : 57,8 (sur les 175 pays pour lesquels on a les données)
- France : 62,5
- Moyenne zone Euro (19 pays) : 67,3
- Moyenne UE (28 pays) : 68,7
- Belgique : 68,8
- Etats-Unis : 76,2
- Estonie (pays le plus libéral de l’UE) : 76,8
- Canada : 79,1
Donc l’UE est moins libérale que les Etats-Unis, et est en moyenne plus libérale que la France. La Belgique est quant à elle dans la moyenne de l’UE.
Chômage et libéralisme
Regardons maintenant le chômage dans l’Union Européenne :
(vert 5% ; marron 10% ; rouge 15% ; noir >20%)
On retrouve un taux de chômage « problématique » (10% et plus) dans les pays les moins libéraux de l’UE.
Nous pouvons comparer plus facilement le taux de chômage et le libéralisme économique sur le graphique suivant :
On observe que les pays ayant un taux de chômage plus faible sont clairement ceux qui ont une politique économique plus libérale. L’Espagne fait exception car elle a un chômage très élevé bien qu’elle ait un niveau de libéralisme seulement légèrement en dessous de la moyenne.
Par contre il est important de remarquer qu’aucun pays parmi les moins libéraux de l’UE (ceux avec un score inférieur à 65) n’a un taux de chômage inférieur à la France. Il n’y a donc aucun exemple de pays européen ayant la combinaison interventionniste + taux de chômage faible. Une corrélation ne constitue pas à elle seule la preuve d’une relation de cause à effet (entre libéralisme et chômage faible). Néanmoins, la théorie économique affirme que le chômage est causé par un manque de libéralisme (existence d’un salaire minimum, charges trop élevées, difficulté de licenciement), et il semble ici que l’observation empirique confirme bien la prédiction théorique.
Même si je ne le partage pas, le point de vue est intéressant. Si la présentation des données est originale, l’argumentation par contre est pour moi un peu « light ».
« la théorie économique affirme que le chômage est causé par un manque de libéralisme » => de quelle théorie économique parlez-vous? L’économie n’a jamais été une science exacte. C’est une science humaine, qui donne lieux à de multiples conceptions différentes. D’un point de vue keynésien par exemple, c’est l’interventionnisme qui permet de réduire le chômage.
D’autre part sur le fond du problème, qui dit plus de libéralisme dit moins de régulation du marché du travail, et donc plus de précarité. Hors il est aisément compréhensible qu’on peut masquer un niveau de sous-emploi par de la précarité. Lorsque les contrats précaires se développent, le sous-emploi se développe également. Un actif qui travaille une heure par mois ne sera pas comptabilisé comme chômeur. Mais en réalité, c’est quasiment un chômeur.
http://wp.me/p3i0qA-ao
De manière générale nous nous référons à la théorie économique de l’école autrichienne, développée par exemple par des économistes comme Ludwig von Mises ou Friedrich Hayek. En l’occurrence, l’argument dont on parle ici n’est pas spécifique à cette école, voir par exemple http://www.wikiberal.org/wiki/Chômage pour des sources sur ce point.
Merci pour cette précision
Ce n’est pas étonnant que le libéralisme garantisse un taux de chômage moins élevé – même si c’est en régle générale plus facile de virer les gens et donc plus facile de se retrouver dans une situation de précarité, en même temps les entreprises embauchent plus facilement. En France une société doit être sûr et certain qu’elle veuille se lier a son futur employé peut être pour bien très longtemps. Une fois le contrat signé, le ballon sera vraiment dans les mains de l’employé.
En revanche, dans le Royaume-Uni ou l’Estonie, comme les employés ne sont pas vraiment protégés comme ici, embaucher quelqu’un n’est pas vraiment prendre des risques.
Ou encore, l’exemple du Japon. On voit Japon souvent comme un pays peu libéral, mais niveau chômage la situation est bien meilleure qu’ici ou l’Europe en général. Les entreprises sont libres à modifier les contrats de plein temps à temps partiel en période de risque – bien que les gens vont vivre un période plus difficile, ils ne se trouveront pas dans une situation de précarité, et peut-être encore plus important, les coffres d’état ne seront pas dépouillés.
« Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. »
Friedrich Hayek
Ping : Eurosceptics : who are they ? | Our Blog about Europe
L’article soulève un certain nombre de questions:
– Selon quels critières est-on considéré comme chômeur du point de vue du classement ci-dessous? Ceux de l’Organisation Internationale du Travail?
– Est-ce que les sans-abris, les personnes déclarés « inaptes au travail », les travailleurs/chômeurs à temps partiel sont pris en compte? Est-ce qu’un personne qui perçoit un salaire si bas qu’il doit vivre dans sa voiture est compté comme chômeur?
Si l’on considère que le libéralisme est la défense de la vie, des libertés et de la propriété, il faut le distinguer du libéralisme économique (ou ultralibéralisme) qui ne se préoccupe aucunement de la vie des masses, ne laisse aucune liberté aux salariés et prive nombre de gens de leurs maisons. La théorie économique d’Hayek n’est qu’une parmi d’autre et rien ne démontre que son application profite aux masses. En Autriche, durant l’Entre-Deux-Guerres, cette forme de l’ultralibéralisme a permi de résorber la dette publique mais en maltraitant la population dans de telles proportions qu’elle a largement contribué à la progression du nazisme.
Cet article veut nous vendre l’ultralibéralisme, celui d’Hayek plus particulièrement, comme une source d’emploi, sous-entendu de prospérité pour les masses. Encore heureux qu’on essaye pas de nous vendre la « loi » des avantages comparatifs de Ricardo… Peut-être devrait-on adjoindre le classement des pays à l’Indice de développement humain ajusté aux inégalité (IDHI) au classement sur le taux « de chomâge » fournis plus haut? Les pays scandinaves occupent les premières places et la France dépasse les USA qui sont bien plus libéralisés. Mais revenons sur les institutions de l’UE.
Les institutions européennes, prétendumment hostiles au libéralisme économique, promeuvent le monétarisme de Friedman. Les institutions européennes se sont efforcés d’éliminer toute possibilité des contestations nationales par le recours à l’ultralibéralisme: suppression des barrières douanières, ouverture unilatérale du marché européen (accord inégaux, TAFTA), libre circulation des marchandises et capitaux, recours aux travailleurs détachés, privatisation massive, invalidation de nombreuses politiques publiques « contraires à la libre-concurrence », etc… Les Etats, affaiblis, sont obligés de démanteler progressivement leur système de protection sociale. Qui gagne? Ni les Européens, ni les eurocrates, ni même les nantis qui ne sont jamais satisfait du niveau de libéralisme: les partis d’extrême-droite et certains superpuissances dont la Russie.
Comme la fait remarquer Bouillin dans le message précédant, Hayek préfère un dictateur ultralibéral à une démocratie providentielle. Le Président de la Commission Juncker, lui, prétendait en 2005 qu’il n’y avait pas de choix démocratique contre les Traités européens. Ceux qui tiennent tant à défendre la liberté des masses et leur prospérité peuvent commencer par respecter la liberté du vote des Européens en militant pour une vraie démocratie européen, pas une dictature monétariste, haykienne ou je ne sais quoi d’autre.
il faudrait rajouter que le libéralisme fait le choix des travailleurs pauvres, sous payés et exploités: en Allemagne la baisse du chômage correspond à l’explosion de l’augmentation de la pauvreté: résultat 12.5 millions de pauvres.. quant à l’Angleterre c’est l’église qui tire la sonnette d’alarme vu le nombre de travailleurs pauvres qui se nourrissent dans les poubelles sans parler du contrat 0 heure pour masquer la réalité du marché de l’emploi.. ce qui confirme bien que le libéralisme permet l’exploitation d’une majorité au bénéfice d’une minorité.. jamais les inégalités n’ont été aussi importantes dans ces pays.. un choix de société intenable sur le long terme