Comment l’éducation pourrait-elle fonctionner si elle n’était pas gérée par l’État ? Et comment serait-elle financée ? Devrait-elle être obligatoire ?
La privatisation des écoles
Les libertariens sont en faveur de la privatisation des écoles publiques. Les écoles actuelles continueraient d’exister mais devraient se financer par elles-mêmes. Les parents seraient libres de choisir l’école de leurs enfants.
Le financement
Qui paierait pour l’éducation des enfants ? Certains libertariens proposent une solution intermédiaire entre la situation actuelle et l’absence totale d’aide de l’État : L’État donnerait aux parents un « chèque éducation » qui permettrait de payer l’école. Ils seraient alors libres de choisir une école dont les tarifs sont couverts par la somme en question, ou de « rajouter » un supplément pour une école plus chère. Cette solution permettrait ainsi d’assurer une éducation aux enfants de parents n’ayant pas les moyens de payer l’école à leurs enfants.
La concurrence entre les différentes écoles les dissuaderait de faire des tarifs exagérément élevés, c’est pourquoi les coûts ne seraient probablement pas plus élevés que aujourd’hui. Le financement de ces chèques éducation ne nécessiteraient donc pas d’augmentation des dépenses publiques. Au contraire, la concurrence pourrait même permettre de diminuer les tarifs en augmentant l’efficacité.
Le financement par l’impôt ?
La solution précédente contient néanmoins un inconvénient. Dire que l’État donne une « chèque éducation » suppose que l’on ait pris l’argent en question à des individus via des impôts, c’est à dire qu’on ait violé leur droit de propriété. On peut penser que cette solution est un moindre mal et que cet impôt est nécessaire, comme ceux qui sont nécessaires pour faire fonctionner la justice (qui est la seule fonction de l’État minimal).
Un solution alternative serait de laisser les gens riches financer l’école pour les gens pauvres. En effet, si on imagine que tout le monde est convaincu qu’il faut offrir une éducation pour tous, des riches ou de moyennement riches pourraient financer directement ou indirectement l’éducation des plus pauvres. Cela pourrait se faire par exemple par :
- Des écoles qui font des tarifs préférentiels pour les gens très pauvres ou même qui sont gratuites. Les autres « clients » savent alors qu’ils payent un peu plus cher pour compenser le fait que d’autres payent moins cher, mais ils acceptent cela car ils considèrent que c’est un bien de permettre l’accès à l’instruction à tous.
- Les écoles demandent à tous de payer, par contre des associations philanthropiques se forment pour donner des aides aux familles pauvres et les aider à payer l’école.
L’éducation supérieure
Une autre solution intéressante existe, et quant à elle, ne nécessite pas de supposer de « gentillesse » de la part d’individus, et est particulièrement adaptée pour les études supérieures (car elle nécessite que l’étudiant passe un contrat donc ait au moins un certain âge). Il s’agit du financement par le crédit. L’étudiant obtient un prêt lui permettant de mener ses études à bien, et le rembourse une fois qu’il travaille. Par rapport à un financement par l’État, ce que l’étudiant a du emprunter au départ est économisé par l’État et est donc autant d’impôts en moins. Cette somme supplémentaire lui permet donc de rembourser le prêt.
Cette solution a par ailleurs un très grand avantage, qui est qu’un étudiant acceptera de s’endetter d’autant plus que le salaire du métier en question est important (ou que le prêteur n’acceptera de lui prêter que s’il est raisonnable que les études en question amènent à un métier rentable). L’État n’a donc pas besoin de s’occuper de décider combien d’argent allouer aux différents enseignements, avec tous les conflits que cela suppose. Cela se réglera naturellement par le marché.
On peut enfin imaginer une solution mixte entre les deux dernières (à mi-chemin entre don pur et profit pur), avec des associations acceptant de prêter aux étudiants à un taux anormalement intéressant (ie. inférieur au taux habituel du marché), ou acceptant de donner leur chance à des étudiants auxquels les banques (ou les prêteurs qu’elle qu’ils soient) ne feraient pas confiance.
L’école doit-elle être obligatoire ?
Maintenant que nous avons examiné la question du financement, reste la question de l’obligation scolaire en tant que telle. On pourrait à première vue considérer qu’obliger les enfants à aller à l’école est une violation de leur liberté. Néanmoins, le cas des enfants est particulier, parce qu’on ne les considère par encore comme des individus ayant la totalité de leurs droits, en particulier certains droits sont limités par l’autorité parentale.
On pourrait alors se demander si les parents doivent pouvoir choisir d’envoyer ou non leurs enfants à l’école. Certains libertariens répondraient que oui, les parents devraient avoir le choix. D’autres diraient que pour que les enfants puissent devenir des hommes pleinement libres, ils doivent au moins savoir lire et écrire, ne serait-ce que pour pouvoir signer leur futur contrat de travail. On pourrait alors dire que les parents ont l’obligation de permettre à leurs enfants d’apprendre à lire et écrire, mais que le reste de leur éducation est laissé à leur choix.
Quelque soit la solution retenue, il s’agit là dans tous les cas d’une révolution par rapport à la situation actuelle, et qui serait déjà un grand progrès pour la liberté.
Voir aussi : « Éducation » sur Wikibéral