L’endettement public est-il légitime ? L’État doit-il recourir à l’endettement pour investir ? Doit-on et peut-on répudier la dette publique ?
D’où vient la dette ?
Une dette en soit n’est pas forcément un mal. Si une entreprise décide de réaliser un investissement dans une nouvelle machine permettant d’augmenter sa production, elle peut emprunter pour acheter la machine et rembourser l’emprunt avec les bénéfices obtenus. Par contre, si l’entreprise réemprunte pour rembourser l’emprunt puis emprunte encore pour rembourser ce deuxième emprunt, et ainsi de suite, on a affaire à une gestion irresponsable. C’est malheureusement souvent le cas des dettes publiques.
Les dette publiques ont également un certain nombre de caractéristiques qui les différencient des dettes d’entreprises ou d’individus :
- Elle sont décidées par des politiques qui ne s’engagent par pour eux-mêmes mais pour les contribuables. Cela diffère d’une entreprise où la décision est prise par les actionnaires (ou indirectement par un dirigeant choisi par eux) qui sont impactés par une mauvaise gestion de la dette (faillite de l’entreprise, pertes, etc.). Les politiques risquent donc de faire preuve d’irresponsabilité car la dette ne les engage plus en rien une fois leur mandat terminé.
- Le remboursement se fera in fine en taxant les contribuables, c’est-à-dire par le vol. Ainsi, comme le disait Murray Rothbard, acheter des bons du trésor c’est investir dans le pillage des contribuables futurs.
- La dette engage nos enfants à la rembourser, alors qu’ils n’ont eu aucune possibilité de décider des endettements.
- Il est extrêmement tentant pour les politiques d’utiliser l’endettement. En effet, devant le choix de réduire les services de l’État ou d’augmenter les impôts, toutes deux impopulaires, la solution consistant à financer le fonctionnement de l’État par l’emprunt évite les deux, en reportant le problème à plus tard, et en l’aggravant (il faudra payer des intérêts).
L’endettement de l’État est-il nécessaire ?
Il est clair qu’il est nécessaire d’emprunter pour la réalisation de certains équipements, comme la construction d’une école, d’une route, d’un pont, etc. Mais un système libertarien, de tels investissements sont réalisés dans le secteur privé. La construction d’une autoroute par exemple peut être réalisée par des investisseurs privés qui deviennent actionnaires de la société. Le « risque » que la route ne soit pas rentable est alors pris en charge par ces actionnaires. La violation des droits de propriété n’est donc pas nécessaire.
Néanmoins, les partisans de l’État minimal considèrent que l’État doit s’occuper de la justice (et de cela seulement). On voit alors que la nécessité d’endettement est bien moindre.
L’annulation de la dette publique
La dette publique, comme on l’a vu, peut être considérée comme illégitime, car engageant par contrat des gens qui n’ont rien signé. Une solution proposée par les libertariens radicaux est de refuser de payer les créanciers et ainsi de supprimer la dette publique, c’est qui est moralement acceptable car il s’agit d’un contrat illégitime.
La conséquence principale est que les banques refuseraient probablement de prêter à nouveau aux États (ou alors à des taux d’intérêt très peu intéressants). La répudiation de la dette publique est une solution souvent proposée par l’extrême-gauche (communistes, anticapitalistes, etc.), ce qui est curieux car en fait, ils ont très largement besoin d’endettement public futur étant donné qu’ils attribuent une place importante à l’État. Pour les libertariens, au contraire, l’impossibilité d’emprunts futurs n’est pas un problème, l’État n’ayant pas besoin d’investir.
Superbe explication, c’est clair comme de l’eau de roche. En revanche, je suis sceptique sur la répudiation de la dette. Etant donné que les particuliers ont une partie de leurs billes investie dans la dette publique au travers des assurances vie en fonds euro, annuler unilatéralement la dette ne va-t-il pas créer des conséquences indésirables ?
C’est vrai que ça peut poser des problèmes. En particulier on pourrait aussi dire que l’État viole ses engagements contractuels en répudiant la dette et que justement il s’agit là de quelque chose qu’un individu n’a pas le droit de faire. C’est pourquoi tous les libertariens ne sont pas d’accord avec cette solution. Moi-même je pense qu’en pratique ce n’est pas forcément souhaitable de procéder de cette manière et me contenterait d’une politique consistant à bien sûr ne pas augmenter le déficit et d’autre-part remboursement progressive de la dette d’autre part (recettes de privatisations par exemple).