Vous êtes âgé de quinze ans et plus ? Vous ne connaissez rien en économie, en philosophie ou en politique ? Ce court article est fait pour vous.
Que vous ayez des idées politiques définies ou non, les idées libertariennes devraient vous intéresser. Que vous soyez pour ou contre nos idées, la vision offerte par les libertariens bouleverse suffisamment de notions communes et admises par tous pour être une des philosophies qu’il faut connaître. Beaucoup de leurs idées vous choqueront et elles vont amèneront à vous poser des questions, bonnes ou mauvaises.
Ce mouvement, loin d’être arriviste, trouve ses idées dans la philosophie lockéenne au XVII siècle (philosophie créée par John Locke).
Aujourd’hui encore il est le troisième parti politique le plus important aux États-Unis.
Le libertarianisme prône deux notions inaliénables : Le droit à la liberté individuelle et le droit de propriété. Ce sont sur ces deux principes que sont fondés les règles, droits et devoirs d’un système libertarien.
On pourrait se dire que seules des personnes armées jusqu’aux dents, bourrées de fric et avares au possible seraient capable de penser d’une manière si horriblement libérale. Et pourtant des personnes libertariennes vous en connaissez forcément : Le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, les créateurs de South Park, Trey Parker et Matt Stone, ou encore Peter Thiel, fondateur de Paypal.
I. Qu’est-ce que le libertarianisme ?
Les libertariens prônent les idées qu’avaient les révolutionnaires français en 1789 : Le droit inaliénable de propriété et la liberté individuelle. Elles pourraient se résumer en cette phrase : « Pouvoir faire ce qu’on veut de ce qu’on a avec les personnes qui sont d’accord ».
A. Qu’est-ce que cela signifie, concrètement ?
-Que vous pouvez faire TOUT ce que vous voulez du moment que cela ne gêne personne. Vous pouvez avoir la religion, l’orientation sexuelle, les pensées, les idées, les armes, les biens, les mœurs que vous voulez du moment que vous n’embêtez personne. Être homophobe ou raciste est donc autorisé du moment que vous n’envoyez pas des cailloux aux personnes correspondantes ou que vous ne les insultez pas copieusement lorsqu’elles passent dans la rue, bien que les particuliers peuvent trouver cela hautement immorale et inadmissible.
-Que vous avez tous les droits sur votre propriété.
Un cambrioleur décide que votre télé écran plasma 3D serait du plus bel effet chez lui ? Vous avez alors tout à fait le droit de sortir votre belle Winchester, récemment achetée et flambant neuf sur E-Bay, pour tenter de récupérer votre bien, et lui percer les fesses impunément. Entre autres, votre propriété est VOTRE propriété, et pas celle partiellement de quelqu’un d’autre. Si vous êtes propriétaire et que vous louez un appartement à quelqu’un, la trêve hivernale importe peu. Si le couple Durant à décidé que la musique à fond à deux heures du matin au mois de décembre était un réveil plutôt agréable pour les habitants de l’immeuble, vous pouvez en décider autrement, et les virer sans plus de cérémonie.
B. Ces notions sont-elles applicables ?
Ces notions peuvent sembler très abstraites, et pourtant elles sont milles fois plus simples qu’elles ne le paraissent, pour la bonne raison que ce sont les seules notions qui nous paraîtraient naturelles d’appliquer si la société recommençait de zéro :
Dans un monde composé de trois habitants qui récoltent des bananes, il sera alors normal que chacun soit propriétaire de son corps et des récoltes qu’il entreprend. Si jamais un autre habitant venait lui prendre ses bananes (changer de fruit selon vos envies), sous prétexte qu’il en a moins et sans lui demander, il se verrait en droit de lui interdire. Car ces fruits représentent, justement, le fruit de son travail et du temps passé à les ramasser. En revanche si le possesseur des bananes décide qu’il pourrait très bien vivre avec deux bananes de moins, il peut les offrir à la personne pauvre sans soucis. C’est ainsi que le droit de propriété est appliqué (le fruit de votre travail ne peut pas vous être dérobé sans votre accord) ainsi que votre liberté individuelle (vous pouvez offrir des bananes à quelqu’un sans intervention de quiconque vous en empêchant ou vous y forçant). Il est donc facile de s’imaginer un monde basé sur ces principes.
C. Et juridiquement, comment ça se passerait ?
A l’heure actuelle, les pensées libertariennes n’autorisent pas la restriction de liberté dans les textes de loi : subventions, taxes, lois basées sur le principe de précaution. En bref, toutes les lois qui n’ont pas pour but de défendre le droit de propriété ou les droits de l’individu.
Ainsi, un meurtre, un vol ou un viol seront punis, contrairement à la vente d’OGM ou à la consommation de cannabis. Encore une fois ces idées peuvent choquer, car beaucoup de personnes pensent (à tort ou non) que ces deux éléments sont dangereux et qu’ils sont donc à proscrire, et que pour cela les lois doivent absolument les interdire.
Pour vous convaincre que cette pensée n’est en réalité pas aussi justifiée que l’on ne le pense, prenons encore une fois un exemple simple :
Mettez vous dans la peau de quelqu’un pour la création d’un centre de désintoxication. L’État est dirigé par des personnes aimant Bob Marley et ses enseignements, et qui donc pensent que le cannabis est bon pour la santé. Il interdit donc à quiconque d’utiliser et de créer des centres de désintoxication en instaurant une loi, par mesure de précaution. Ne trouveriez vous pas ça stupide ? Après tout, si une personne veut se faire désintoxiquer, en sachant que cela est mauvais pour sa santé selon les idées reçues, ne peut-elle pas faire ce qu’elle veut ? Si cela est réellement mauvais pour la santé, la personne n’ira pas utiliser ce centre d’elle-même. Il ne sera donc pas rentabilisé et fermera. Et si au final beaucoup de personnes l’utilisent et sont en meilleure santé, cela prouvera qu’un centre de désintoxication était, au final, nécessaire.
Les libertariens pensent qu’en laissant les personnes décider de ce qui est bon ou non pour elles, elles finissent toujours par adopter la bonne solution. Et, en général, on préfère toujours pouvoir choisir sa façon de vivre.
II. La position du libertarianisme vis à vis de l’État
La pensée libertarienne pense à l’État comme à une entreprise : Si elle vend à pertes alors elle coulera. C’est pourquoi ce qu’on connaît à l’heure actuelle comme étant « le trou de la sécu » ou comme la « dette publique » n’est pas quelque chose de possible dans un État libertarien. La privatisation du plus grand nombre de services possibles serait une très bonne solution à tout, et cela a déjà été prouvé dans de nombreux domaines ! La privatisation mène à la concurrence, qui mène à la baisse des prix et à l’amélioration des services. C’est pourquoi aujourd’hui on peut pour 15€ chez certaines vendeurs en téléphonie mobile avoir SMS et appels illimités, alors qu’à l’époque de la téléphonie centralisée, une minute de téléphone coûtait les yeux de la tête. Loin d’être le seul cas remarquable, l’électricité, le gaz, le pétrole, air France etc sont eux aussi désormais privatisés.
Le rôle de l’État dans la philosophie libertarienne n’est pas défini, il y a plusieurs versions quant à l’utilisation ou à l’existence de celui-ci. En voici quelques exemples :
-Un État restreint qui s’occuperait de la justice, mais également d’autres tâches, comme donner une une allocation pour l’éducation des enfants (mais dans le cadre d’un système d’écoles privées), une allocation pour ceux qui n’ont aucun revenu, une obligation d’avoir certaines assurances, par exemple assurance maladie (mais assurances non gérées par l’État contrairement à la sécurité sociale actuelle), la gestion de la monnaie ou encore la gestion des infrastructures comme les routes.
-L’État minimal, qui ne devrait et ne pourrait s’occuper que de la justice et pas d’autre chose (Justice dans le sens libertarien du terme, voir I] C) ).
-La disparition totale de l’État pour laisser place à des sociétés privées s’occupant des services que celui-ci rendait auparavant, ce schéma de pensée étant adopté par ceux qu’on appelle les libertariens anarcho-capitalistes.
Alors les différentes questions que vous vous posez certainement, suite à cela :
-Et les routes, les écoles et les hôpitaux, la sécurité sociale ? On fait comment sans impôts ?
-Si des sociétés privées rendent la justice, ce ne sera pas la même partout et ça fera un gros chantier pas possible, et ce sera pas équitable.
Bon, bon, bon. Alors déjà vous imaginez bien qu’une philosophie existante depuis plusieurs siècles a déjà dû se pencher sur ce problème, non ?
Il est, évidement, compliqué de penser qu’il est possible que les infrastructures soient gérées autrement que par l’État, étant donné que cela fait longtemps qu’il s’occupe de le faire. Cependant des solutions existent. Expliquer chaque cas serait très long, nécessiterait beaucoup de temps et au moins un article chacun. C’est pourquoi je ne m’épancherais pas plus le sujet.
A. Le libertarianisme économiquement :
La question ne se pose pas trop quand on a compris le système de pensée des libertariens. Économiquement vous pouvez tout faire, du moment qu’aucune liberté ou droit de propriété n’est mis en danger. Vous pouvez vendre ce que vous voulez, au prix que vous voulez, avec la monnaie que vous voulez, ou vous voulez.
Ça commence à rentrer là ? Ce n’est pas si difficile quand on retient juste les grands principes et qu’on les applique partout.
B. Le libertarianisme, socialement :
La encore, c’est une question presque rhétorique. Tout est autorisé dans la limite des droits de propriété, de vie et de liberté. Vous ne pouvez donc pas faire un trafic de prostituées, sauf si elles sont d’accord et ont signé un contrat avec vous, vous autorisant à posséder leurs corps et à les vendre. Mais un contrat peut se rompre, heureusement, et quelqu’un ayant signé un contrat donnant sa vie, son âme ou son testicule, peut le rompre à tout instant.
Voilà, vous connaissez les grandes idées libertariennes, félicitations !
Alors évidement cet article ne fait pas de vous un expert, pour cela il vous faudrait subir la lecture de livres redoutables, long et bien épais d’économie et de philosophie qui servent d’habitude à caler la table ou les portes.
Si ces idées vous intéresse vous pouvez vous renseigner en lisant des livres accessibles sur le libéralisme ou le libertarianisme en général, comme « L’éthique de la liberté » de Rothbard, « Libres ! » ou encore « Pulp Libéralisme » très ludique et accessible à tous, en format BD.
Comment gérer juridiquement la pollution de l’air et de l’eau, voir même des OGM végétaux et animaux qui se baladent et vont « polluer » génétiquement la faune et la flore du voisinage ?
Comment prévenir ces problèmes, sachant qu’ils sont parfois irrévocables ?
Vous pouvez voir la partie 3 de l’article https://libertarianisme.fr/2012/11/30/le-diable-de-taxmanie/ où l’on discute de ce genre de questions.